5 Mai 2025
Cause toujours Anastasie !
Dans un tout petit livre au titre provocateur « On ne peut plus rien dire… » Thomas Hachmann dénonce le grand détournement de la liberté d’expression par les tenants de l’extrême droite qui considèrent que toute critique de leurs propos, y compris les plus outranciers, relève de la censure. En d’autres termes, les identitaires de tout poil dévoient le principe même de cette liberté. Comme le souligne l’auteur : « la liberté d’expression n’est pas une liberté de parler sans être contredit ». Ainsi leur dénonciation du « wokisme », dont ils abusent pour discréditer leurs contradicteurs apparaît comme « une stratégie redoutable d’inversion des rôles, qui permet aux agresseurs de se présenter comme des victimes, aux dominants de chercher la sympathie que peut inspirer une position minoritaire persécutée, aux intolérants d’accuser d’intolérance ceux qui les combattent ». En bref, la rhétorique de l’extrême droite par ses manœuvres dilatoires vise à priver de parole et de crédibilité ses opposants.
La chaine de télé C8 et ses chiens de garde, retoqués par l’ARCOM et privés de fréquence, utilisèrent sans freins cette rhétorique de travestissement de la liberté d’expression à leur profit afin de masquer le discours d’extrême droite dont elle a fait son miel. Pour l’auteur, et là est tout l’intérêt du propos, il est essentiel de lutter contre ceux qui « propagent, encouragent, promeuvent et justifie la haine » de l’autre et des autres. D’autant qu’une telle posture empêche toute discussion entre égaux. En effet, comment « délibérer entre égaux quand une partie de la population est injuriée ou diffamée, quand certains provoquent à la haine, à la violence ou à la discrimination ».
Certes, Thomas Hachmann appuie sa démonstration sur le droit bourgeois, mais sa conclusion est sans ambiguïté et sans appel. Pour lui, la complainte des pseudo-censurés ne doit pas tromper. Les espaces d’expression qui lui sont consacrés n’ont jamais été aussi nombreux, et ce dont ils se plaignent le plus souvent, c’est d’avoir été contredits. En accaparant l’invocation de la liberté d’expression, l’extrême droite s’efforce de dissuader les efforts de contrecarrer son entreprise de haine fondée sur le mensonge ». Autrement dit : « l’extrême droite a transformé la liberté d’expression en slogan ».
Hugues, groupe Commune de Paris
Hachmann T., 2025, « On ne peut plus rien dire… », Paris, Ed. anamosa.