3 Avril 2025
Les dockers du Havre de la Révolution à nos jours de John Barzman offre un panorama complet sur cette corporation très spéciale et très organisée. Le livre porte en couverture le buste de notre compagnon Jules Durand sculpté par Hervé Delamare ainsi qu’au cours des chapitres, d’autres riches illustrations sur le port, ses hommes, leurs métiers (brouettiers, portefaix, charretiers et plus tard les charbonniers dont Jules fut le secrétaire du syndicat…) ses navires et ses outils à différentes époques. L’ouvrage s’ouvre sur l’origine de métier.
Il fut précédé par les manutentionnaires portuaires dans la première moitié du 19e siècle avant d’être fortement mécanisé par la suite. Le chapitre : L’ère de Jules Durand (1885-1928) par sa précision intéressera en premier lieu les lecteur-e-s du Monde libertaire. Un autre chapitre Docker=syndiqué (1828-1965), Barzman souligne en effet qu’à partir de 1928 « la culture des dockers est devenue une culture éminemment syndicale, qu’il faut être syndiqué pour être docker […]. Rien ne se fera dans la manutention portuaire sans le syndicat ».
Dans les années 1934-1936, les dockers havrais participent activement à la lutte antifasciste, mais aussi dans le processus de réunification des fédérations nationales des dockers au sein de la CGT du fait de l’importance de leur syndicat autonome. Puis, l’ouvrage évoque l’activité et les revendications des dockers durant la Seconde Guerre mondiale et de la reconstruction dans une ville largement détruite. Dernière période où le port connaît une baisse régulière des effectifs où l’homme est remplacé par la machine et le « vrac » par le conteneur ce qui a pour conséquence de dégrader le statut de dockers et de transformer drastiquement les conditions de travail. La mondialisation
de l’économie et l’essor de commerce avec la Chine à partir de 1993 ont favorisé un rebond de l’activité et relancé une « résistance soutenue » surtout depuis 2008, des dockers et des agents portuaires. En un peu plus de deux siècles, on est passé des brouettiers sans qualifications à une main-d’œuvre hautement qualifiée, mais qui reste peu ou prou attachée aux valeurs du syndicalisme.
Une somme foisonnante pour historien ou lecteur chevronné, 511 pages en petits caractères qui fourmillent de précieuses informations sur une corporation ouvrière qui s’illustra par ses luttes .et ses résistances, mais qui connut et connaît encore quelques malheureuses dérives.
Hugues, groupe Commune de Paris
Barzman J., 2025, Les dockers de Havre de la Révolution à nos jours, Rouen, PURH