10 Mars 2025
ML-mars-25
La chasse aux pauvres
La chasse aux pauvres est ouverte au bas mot depuis le 18e siècle avec ses infâmes asiles de nuit et autres structures semi-carcérales. Les indigents comme on les appelait alors gênaient, donc on les invisibilisait. La situation n’a pas vraiment changé aujourd’hui comme le dénonce un petit guide pratique du collectif ATD Quart Monde. Ce collectif malgré ses origines s’est largement sécularisé et tente d’En finir avec les idées fausses sur la pauvreté. Collectif qui considère, c’est le sous-titre du petit guide, La pauvreté # maltraitance institutionnelle. En quelque 80 pages, toutes les questions qui fâchent les fâcheux-fachos sont abordées et les contre-vérités et les représentations erronées sont balayées d’un revers de plume. Petit ouvrage pratique qui offre des arguments - souvent appuyés sur des sources savantes issues de la sociologie - pour contrer les propos des grincheux réacs et populistes de son entourage familial ou professionnel. En vingt fiches synthétiques, illustrées de quelques dessins fort à propos, le collectif dénonce et démonte les idées fausses les plus communes et les plus répandues. Comme : « les pauvres font tout pour toucher des aides », « les pauvres sont des fraudeurs, il faut les contrôler », « il faut réduire les allocations chômage pour encourager les gens à travailler », « les pauvres ont la chance d’avoir accès aux HLM » ou encore « Pour réduire le chômage et la pauvreté, il faut faciliter les licenciements, et assouplir le Code du travail ». A chaque affirmation caricaturale et malsaine, un démenti est apporté dans un langage simple, facile à comprendre et donc à partager et à diffuser. Tout le champ de la mauvaise foi populiste est analysé et retourné d’un tour de clavier, y compris les assertions les plus racistes comme : « la France distribue trop d’aides aux étrangers » et « les demandeurs d’asile bénéficient de tous les droits ». Enfin, la vingtième fiche touche à une actualité brûlante, celle de la réforme du RSA : inscriptions d’office à France-Travail et contrepartie de 15h d’activités hebdomadaires en « échanges » de ce très modeste revenu. En bref, pour les plus pauvres et des plus précaires : renforcement du contrôle, risque de travail dissimulé, orientation vers les emplois en tension les plus pourris au grand bonheur d’entreprises, comme on le sait, toujours très soucieuses de respecter le Code du travail. Ce petit guide précieux démontre que le ruissellement n’est qu’un mythe ou plus exactement un argument spécieux au profit d’une classe dominante et manipulatrice.
Hugues, gr. Commune de Paris
ATD, 2025, En finir avec les idées fausses sur la pauvreté, Paris, Ed. de l’Atelier