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 Groupe Commune de Paris de La Fédération Anarchiste

François Ruffin, autoritaire comme les autres

François Ruffin, autoritaire comme les autres

En tant qu’anarchistes, nous n'avions que peu de doute sur la teneur idéologique de François Ruffin. Après tout, nous avons déjà connu les Chevènement et autres, qui nous vendaient que le patriotisme de gauche pouvait exister et qu’il ne pouvait pas être comparé à celui de droite. Pourtant, il suffit de mettre en parallèle les dires de Ruffin sur les frontières (et leur besoin d’être fermées même aux humains), sur la production (France first … pardon la France d’abord), sur la gestion des outils de production (nationalisation pour un contrôle des salariés par l’État, ça les changera des PDG, mais surtout pas d’autonomie) avec ceux des tenants de lignes bien loin de ce qu’on appelle « gauche », pour comprendre que sa gauche part à droite à toute vitesse.

Mais là, il décide de s’en prendre frontalement aux anarchistes.

Nous avons lu que c’était peut-être une erreur. En donneur de leçon permanent, moult fois Ruffin affirme avoir une connaissance accrue de l’histoire des luttes… Donc, disons-le, nous ne croyons pas à l’erreur.

Avouons que nous étions habitués à voir les trotskistes faire mine de confondre l’autoritarisme capitaliste avec un anarchisme. C’est de bonne guerre et ils ne vont quand même pas dédire le maître à penser Trotski qui a fait massacrer les anarchistes à Kronstadt. Faut bien entretenir le mythe de la « révolution sauvée » quand en fait s’installait simplement le carcan de l’état centralisateur et dictatorial soviétique, terminé par cet acte. Et que dire des fans de la République qui nous expliquent que les Versaillais n'avaient pas trop le choix face aux Communardes et Communards, pas d'autres choix que des les massacrer, tout en continuant à nommer des rues au nom du bourreau Thiers pour enterrer, faire oublier, ce moment de l'histoire.

Ruffin, lui, balance donc que « nous avons des anarchistes à la tête de l’État » dans une vidéo publiée par le site « Le vent se lève ». Nous pourrions croire à un abus de langage, comme le disent ses soutiens, s’il n’était pas répété plusieurs fois dans la vidéo.

Non ce n’est pas un abus de langage, c’est l’éternel jeu des autoritaires de gauche de vouloir laisser entendre que libéral = libertaire et donc que capitalisme = anarchisme … La ficelle est grosse, mais elle est répétée jusqu’à la nausée depuis des décennies.

Pourtant l’anarchisme lutte contre la chose qui pourrit le monde : le pouvoir sous toutes ses formes.

L’anarchie a été le moteur de l’émergence du syndicalisme de lutte dans les entreprises, pour la reprise en main par les travailleuses et travailleurs eux-mêmes des outils de productions. L’anarchie est le moteur des émancipations par le fait de reconnaître à l’individu sa pleine souveraineté sur lui-même.  L’anarchie est le moteur du vivre ensemble en refusant ce qui sépare arbitrairement l’humanité. L’anarchie démontre que la domination du plus grand nombre n’est pas obligatoire en utilisant le consensus et en refusant le vote comme outil de décision.  L'anarchie préférera toujours le fédéralisme autogestionnaire au centralisme mortifère d'un État inconséquent.

 

L’anarchie lutte pour la destruction du travail, du salariat, de l’État, des religions, du patriarcat et de tout ce qui oppresse et avilit.

Alors pourquoi Ruffin a-t-il peur des anarchistes ? Parce qu’il se voit en bon père du peuple prêt à le guider, à l’élever, selon ses normes. Parce que, comme tous les autoritaires qui n’ont que le mot « peuple » à la bouche, il a le mépris de l’humanité chevillé au corps pensant que sans leader comme lui, point de salut, les humains étant trop bêtes pour s’organiser dans l’autogestion généralisée évidemment. Parce qu’il aime le pouvoir, que les petits fours de l’Assemblée sont quand même sympas et qu’il aimerait sans doute goûter ceux de l’Élysée ou de Matignon.

Nous autres, anarchistes, osons rêver plus loin que ce pisse froid autoritaire qui ne nous propose que de substituer la domination des multinationales par celle d’un État soi-disant plus « sympa », alors que l’Histoire est là pour nous rappeler à quel point cette idée tue l’émancipation et au-delà de ça, et à quel point  État et Capitalisme sont liés jusqu’à en crever.

Avec cette sortie, Ruffin sait pertinemment ce qu’il fait. Il rappelle que la voie, pour lui, c’est le capitalisme « encadré » comme il le dit dans une interview*, l’État fort et l’individu aux ordres pour faire peuple. Par cette sortie, Ruffin nous rappelle qu’il ne vise en rien l’émancipation du plus grand nombre, mais le maintien du pouvoir dans les mains de quelques personnes.
Par cette sortie, Ruffin nous rappelle qu’il n’est pas l’allié des anarchistes, et qu’il se place même en ennemi de l’idée d’Anarchie.

Grand bien lui fasse.  Nous avons l’habitude de trouver face à nous tous les autoritaires du monde. Cela ne fait qu’un de plus. Et avouons-le, il n'est pas des plus impressionnants.

Nous sommes désolé.e.s, pensez donc, que François Ruffin soit autant effrayé par l'idée de voir disparaître son gagne-pain de planqué de la République et son existence politicienne.

Mais un jour la Commune se réveillera, les opprimées et opprimés s'uniront. Et nous savons bien que Ruffin ne sera pas de ceux qui soutiendront la mort de sa chère République...

La route est longue pour la révolution, mais nous n'arrêterons pas d'avancer.

Des anarchistes organisé.e.s au sein de la Fédération Anarchiste

*https://www.revolutionpermanente.fr/Debat-avec-Francois-Ruffin-Front-populaire-ecologique-ou-parti-revolutionnaire-17773

Ce que cela signifie c’est que François Ruffin ne compte pas remettre en cause profondément du système capitaliste. Plus encore, il affirme même ne pas bien savoir « ce que le mot « capitalisme » recouvre précisément » avant de donner sa vision : « s’il s’agit de dire qu’il faut aller vers le recul des multinationales ou que la finance doit être mise au service de la société, je suis d’accord. Mais je ne suis pas contre la propriété privée par principe. En fait, je suis réformiste », précise-t-il. « Je suis pour encadrer le marché, pas pour une élimination de la propriété privée. Je ne suis même pas pour une élimination de la concurrence », termine-t-il.

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